Je ne peux résolument
pas attendre d'aller à Shizuoka, j'en ai marre du thé en sachet,
j'ai envie d'en toucher et d'en voir pour de vrai. Donc je vais à
Uji. Uji, c'est l'endroit qui vient tout de suite en tête à un
japonais quand vous lui parlez de thé. Historiquement parlant, c'est
le lieu de naissance des deux plus importants thés du Japon :
le sencha et le gyokuro. Je n'allais quand même pas rater ça !
En plus, hier, en allant à Nara, j'ai aperçu quelques champs par ci
par là. J'ai bien repéré où c'était, et armé de mon appareil photo et de mon parapluie
(qui accessoirement me sers aussi de canne lorsque je fatigue) me
voilà en route. En dehors du thé, il y a à Uji le temple Byodo-in,
qui est celui qui figure sur la pièce de 10 yen. Je vais le visiter
ainsi que le musée qui lui est dédié.
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Ce qu'il y a sur les pièces de 10 yen |
Il faudrait que ce blog
soit en odorama, pour que vous puissiez sentir l'odeur entêtante du
thé grillé, le hojicha, que les marchands fabrique le long du
chemin qui mène au temple. Une rue entière avec que des marchands
de thé. Chaque marchand fait gouter ses produits au passants, ce qui
fait un peu penser à une foire au vin, et vous imaginez bien que je
ne déroge pas à la règle. Je m'arrête devant chaque boutique,
goûte, et achète six délicieux thés. Les prix sont très
attractifs, car il s'agit souvent des boutiques des producteurs. Il
faut tout de même faire attention à bien acheter du thé de la
région, car il y a aussi des revendeurs d'autres provinces.
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La rue des magasins de thé |
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Machine à faire du Hojicha |
Je passe ensuite un
rapide instant à ce qui est sans doute la plus ancienne maison de
thé du Japon, Tokichi Nakamura, et en profite pour photographier,
l'arbre deux fois centenaire à l'étrange forme qui se trouve dans
le jardin. Cependant, je ne prends rien car... il faut faire la
queue, et longtemps. Vous pouvez compter deux heures d'attente pour
boire un thé et manger une pâtisserie, pendant cette période où
les premiers thés arrivent. Je n'ai résolument pas le temps pour
ça, et il ont une succursale à Kyoto où j'irai demain et qui est
beaucoup moins fréquentée.
Pour finir, je me promène
le long de la rivière Ujikawa, pour me retrouver dans le temple du
thé, le Koshoji. Chaque année, le thé est enterré dans des jarres,
afin de lui faire passer les mois de grosse chaleur au frais ;
puis, à l'automne, il est déterré. Le déterrement des jarres est
effectué selon les rituels de ce temple, qui assure ainsi un bon
thé. Les marchands et producteurs viennent prier dans ce temple, et
un mémorial pour le thé est érigé à l'intérieur. J'y vais donc
de bon cœur en versant quelques pièces dans le coffre et en priant
avec ferveur. Kannon m'entende !
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Rivière Ujigawa |
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Memorial au thé japonais |
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Asahiyama |
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Le temple du thé |
Ce qui est dingue dans
cette ville, c'est que les théiers sont partout en ornement, dans
les balcons ou sur le bord des routes, mais je n'ai toujours pas vu
de plantations. Je choisis donc de rallier les endroits repérés la
veille à pied, en coupant par la montagne. Je traverse donc les
pentes boisés du Asahiyama, en pensant à Totoro, et marche encore
un bon moment avant de repérer les premières cultures de gyokuro
dont les filets noirs sont reconnaissables. C'est un thé ombré, on
occulte la lumière du soleil avant la récolte pour forcer la plante
à chercher des aliments dans le sol. Il est difficile de distinguer
quelque chose et je finis par trouver un champ déjà récolté dont
les bâches ont été relevés. Je trouve aussi un champ de bébés
théiers. Je subtilise deux bourgeons pour ramener avec moi. Les
plantations sont incroyables, elles sont entre les maisons, au bord
du chemin de fer, ou en plein milieu d'un parking. Décidément,
l'urbanisme...
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Bébés théiers près du train |
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Sous les toiles |
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Culture en ombrage |
Pour voir ces jardins de
thé, j'ai marché plus de 10 km depuis Uji, et je ne suis pas
mécontent quand je vois la gare d'où partira le train me ramenant à
Kyoto, car là, je suis vraiment fatigué.
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