Nous sommes vendredi, il
faut gris et un peu froid, mais ce n'est pas trop grave, tant qu'il
ne pleut pas. C'est un peu spécial aujourd'hui. Je vais rejoindre
une ville qui m'appelle aux souvenirs, puisque c'est autour de celle-ci que j'avais, lors de mon dernier voyage, passé le plus de temps
avec les membres de ma classe de japonais. Séquence nostalgie, tout
est bien net dans ma mémoire, et je prends le train avec le cœur
partagé entre légèreté et mélancolie. C'est le moment de voir
si je retrouve les mêmes sensations et les mêmes repères.
Nara, c'est la ville d'
« origine » de la culture japonaise, la première
capitale, et les premières traces de civilisation sur l'archipel
sont à Asuka, non loin de là. Elle est très touristique, ses
monuments historiques, sa montagne, ses arbres sont bien connus de
la population. Et puis il y a les daims. Par centaines, ils occupent
le parc principal de la ville. On peut les nourrir en achetant des
galettes achetés un peu partout dans Nara, mais attention, ces chers
cerfs (dear deer en anglais lol) peuvent se montrer collants,
insistants, voire même un peu agressif parfois.
Premier endroit, le
Kofukuji, l'un des temples les plus influents de la période Nara. Il
possède entre autre un musée avec des antiquités bouddhistes
impressionnantes, dont une énorme statue représentant Kannon à 20
bras magnifique. Le pavillon central est en rénovation, mais les
autres pavillons (notamment la pagode à cinq étages) sont tout à
fait visibles.
Deuxième destination, le
sanctuaire Taisugo Taisha, entouré d'une forêt d'arbres
centenaires. Le chemin qui y mène ainsi que l'intérieur de ce
temple est parsemé de milliers de lanternes, et 2 fois par an à
l'occasion du festival des lanternes, elles sont allumées. Au cœur
de l'établissement, on peut admirer un cyprès vieux de plus de
mille ans, dont une partie passe dans le toit d'un des pavillons. Un
autre arbre un peu plus loin est un amas issu de sept graines
différentes, et qui ont poussé imbriqué les unes dans les autres.
Il porte chance aux femmes enceintes. C'est en fait tout un complexe
de sanctuaires s'étalant sur tout le flanc de la colline. Un peu
plus loin, des arbres centenaires, au racines torturés et aux formes
étranges forment une forêt dense. Un sanctuaire shinto est
construit sur plusieurs principes. Vous franchissez d'abord un cours
d'eau servant de protection, puis sous un torii : une porte où
seul le dieu du sanctuaire et les humains peuvent rentrer ;
enfin après un petit chemin qui monte en général, vous trouvez le
sanctuaire en lui même. Le kami est enfermé dans une sorte de boîte
renforcée par divers sceaux magiques. On jette une pièce (valeur
symbolique, 1 yen suffit), on s'incline, on tire sur la corde, on
tape deux fois dans ses mains en formulant son vœu dans sa tête,
puis on s'incline une fois pour remercier.
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Le grand arbre |
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Dont une partie passe dans le toit |
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L'arbre aux 7 graines |
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Les lanternes |
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Le très gros arbre du WakamiyaJinja |
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Le même vu de derrière |
Mon chemin me mène vers
le Todaiji, le temple du grand Bouddha. Pourquoi s'appelle-t-il
ainsi ? A cause de l'immense shakamuni (Le bouddha le plus
vénéré par les japonais) assis en plein milieu du temple. Sa
taille est presque aussi haute que l'édifice, qui est l'une des,
sinon la, plus importante construction en bois au monde, et à
certains jours de l'année les deux fenêtres sur la façade du
temple sont ouvertes, ces deux fenêtres étant à hauteur de ses
yeux. D'en bas on peut avoir l'impression qu'un regard bienveillant
se pose sur les épaules des visiteurs. Ce temple a vu sa toiture
entièrement refaite il y a une vingtaine d'année, et lors de cette
opération les piliers ont remonté d'un mètre cinquante, allégé
du poids des tuiles. Il est le temple de Nara le plus célèbre, et
évidemment un symbole de mon voyage passé.
En sortant, je commence à
chercher dans mes souvenirs un jardin que j'avais découvert dix ans
auparavant lors d'une sortie libre, le jardin de Yoshikien. Il se trouve
en fait juste à côté d'un jardin plus grand, que je n'avais pas
remarqué à l'époque et qui se trouve être le jardin Isuien,
typique de l'ère Meiji, et qui possède de très belles maisons de
thé. Qu'à cela ne tienne, j'enchaîne les deux et sors juste pour
la fermeture. J'en garde des images magnifiques, et un retour de
souvenirs assez impressionnant.
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Isuien |
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Yoshikien |
Il est temps de rentrer à
Kyoto. De toute façon, tout ferme à cinq heures ici, donc il n'y a
plus grand chose à faire. Je flâne un peu avant d'aller à la gare.
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